L'adaptation face aux défis climatiques : un enjeu crucial du secteur de l'immobilier
Dans un monde en mutation constante, le changement climatique se profile comme l’un des défis les plus pressants de notre époque. La France, confrontée à une trajectoire alarmante d’une augmentation de 4°C d’ici 2100, se trouve à un carrefour crucial. Alors que les signaux de cette crise se manifestent de manière de plus en plus évidente, une action proactive devient impérative pour préserver notre avenir.
Face aux défis climatiques du 21ᵉ siècle, le secteur du bâtiment et de la construction doit prendre des mesures immédiates pour atténuer les effets du changement climatique sur les écosystèmes et les sociétés humaines, ainsi que s’adapter aux impacts actuels et futurs.
La France, bien que renommée pour son régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, est exposée à un déficit de protection financière de 47% face aux futurs chocs climatiques, selon une nouvelle étude de l’Institut Swiss Re. L’étude analyse les zones à risque et estime les pertes économiques dues aux inondations, cyclones, tempêtes hivernales et orages violents, qui représentent 200 milliards de dollars par an au niveau mondial. L’Hexagone se classe 12ᵉ sur 36 pays étudiés en termes de pertes économiques dues aux risques climatiques et en termes de susceptibilité de subir des aléas climatiques plus intenses à l’avenir.
Le deuxième volet du 6ᵉ rapport du GIEC a souligné l’importance des mesures d’adaptation au changement climatique pour minimiser les impacts, même si certaines conséquences sont actuellement inévitables.
Au cœur de cette bataille pour la résilience se trouve le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique, actuellement en phase finale d’élaboration (publication prévue mi-2024). Ce plan représente une feuille de route essentielle pour guider notre pays à travers les défis climatiques à venir. Mais au-delà des politiques gouvernementales, c’est aussi une question de responsabilité individuelle et collective.
Le secteur du bâtiment
Le bâtiment se trouve être un secteur particulièrement vulnérable au changement climatique. Des vagues de chaleur, sécheresses, retraits et gonflements des argiles, précipitations et inondations, feux de forêts, vents violents, submersions marines ou grands froids représentent autant d’aléas naturels qui affectent un territoire ainsi que ses constructions. Ces aléas climatiques devraient augmenter en fréquence et en intensité, menaçant de plus en plus l’intégrité physique des bâtiments.
La résilience, dans ce contexte, se réfère à la capacité d’un bâtiment à résister aux chocs. Cela implique que le bâtiment doit être en mesure de résister et de s’adapter aux menaces pesant sur lui, tout en ayant l’habileté de préserver et de rétablir les fonctions essentielles du bâtiment lors de ces chocs. L’environnement d’un bâtiment est caractérisé, entre autres, par des conditions climatiques et écologiques qui peuvent constituer des contraintes ou des opportunités pour les bâtiments, et vice versa.
Le parc immobilier doit s’adapter pour faire face aux défis climatiques et écologiques. À cet égard, les normes européennes et le droit national expriment la volonté de légiférer en faveur du climat et de la biodiversité. L’ensemble du secteur immobilier est engagé dans cette démarche, impliquant les acteurs de l’immobilier, les collectivités et les particuliers.
Coût de l'inaction
Un des points centraux de cette discussion est le coût de l’inaction. Isabelle Spiegel, Vice-Présidente de Vinci Environnement, l’a souligné avec force lors de son intervention au récent festival Building Beyond. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les coûts de réparation des dommages causés par les événements climatiques extrêmes pourraient atteindre des sommes astronomiques, bien plus élevées que les investissements nécessaires à l’adaptation préventive. En effet, selon le rapport de Stern de 2006, agir proactivement ne représenterait qu’un point de pourcentage du PIB mondial, comparé aux 5 à 20 points nécessaires pour réparer les dégâts. Adapter à la fois les bâtiments existants/en rénovation et les bâtiments neufs est essentiel pour réduire le coût de l’inaction en matière d’adaptation climatique.
Vers une réglementation climatique dans le secteur immobilier
Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN)
En France, les Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN) jouent un rôle essentiel dans la gestion des risques naturels et climatiques pour le secteur immobilier.
Un PPRN est un document réglementaire élaboré par les autorités locales. Son objectif est de cartographier et de réguler les zones exposées à des risques naturels spécifiques tels que : les inondations, les mouvements de terrain, les séismes, ou encore les incendies de forêt. Ces plans visent à concilier le développement urbain et la préservation de la sécurité des populations et des biens.
En effet, les PPRN fixent des règles de construction et imposent des mesures de prévention. Ainsi, les propriétaires, promoteurs et constructeurs doivent tenir compte des prescriptions lors de l’élaboration de projets immobiliers afin d’assurer la résilience du bâtiment face aux risques naturels et climatiques de la zone géographique.
La réglementation des PPRN est principalement définie par la loi Barnier de 1995, renforcée par la loi Grenelle II en 2010. Ces textes confèrent aux PPRN une force juridique contraignante, obligeant les acteurs du secteur immobilier à respecter scrupuleusement les règles édictées.
Les PPRN représentent la première étape vers la construction durable et résiliente.
Système assurantiel
Dans ce contexte, le rôle des assurances devient crucial. Face à une augmentation prévisible des événements climatiques extrêmes, les assureurs sont confrontés à des défis sans précédent. Les coûts de l’assurance augmentent, tout comme la nécessité de repenser le modèle assuranciel français pour mieux équilibrer, mutualiser et être solidaire face aux risques climatiques. Des ajustements sont nécessaires pour garantir une couverture adéquate dans un monde en constante évolution.
Il y a des disparités en termes de gravité et d’occurrence des aléas climatiques en fonction des régions, ce qui nécessite une adaptation du modèle assurantiel afin de préserver la mutualisation entre les assurés des périls climatiques couverts par le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles. Le gouvernement envisage d’analyser la possibilité d’ajuster les primes Cat Nat en fonction des risques spécifiques dans chaque zone, dans le but de prévenir l’abandon de certaines régions par le marché de l’assurance. Dans cette optique, il cherche également à accroître la transparence sur les évolutions des pratiques assurantielles à l’échelle nationale et dans les zones les plus exposées en instaurant un observatoire dédié à l’assurance des risques climatiques.
Taxinomie
La réglementation européenne, au travers de la Taxinomie, établit désormais les critères d’une activité économique durable. Les entreprises immobilières doivent publier des informations extra-financières depuis 2022, notamment celles liées aux objectifs environnementaux tels que l’adaptation au changement climatique. Pour qu’un actif soit considéré comme « durable », une analyse des risques climatiques est incontournable, impliquant également la mise en place de solutions d’adaptation. Chez Etyo, nous reconnaissons l’importance de ces normes et nous nous engageons à guider nos clients dans cette démarche réglementaire.
La Taxinomie européenne, pierre angulaire du plan d’action de l’Union Européenne en faveur de la finance responsable, définit aujourd’hui le concept d’activité économique durable. La mission de la taxinomie consiste à catégoriser les activités économiques pour orienter les financements vers des entreprises ou des projets respectueux de l’environnement.
Les principales activités ciblées dans le secteur immobilier incluent :
- 1 « Construction de bâtiments neufs »
- 2 « Rénovation de bâtiments existants »
- 7 « Acquisition et propriété de bâtiments »
L’objectif est de déterminer si ces activités ont un impact important sur au moins l’un des six objectifs environnementaux tout en préservant les autres et tout en respectant les normes sociales minimales :
- Adaptation et atténuation liées aux changements climatique
- Utilisation durable et protection des ressources aquatiques et maritimes
- Transition vers une économie circulaire
- Prévention et contrôle de la pollution
- Protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes
Pour qu’un actif soit désigné comme « durable » selon les critères de l’objectif environnemental d’adaptation de la taxinomie européenne, l’acteur doit soumettre cet actif à une analyse de risques climatiques. De plus, un acteur immobilier peut faire valoir des investissements « verts » en mettant en place des solutions d’adaptation au changement climatique sur ses bâtiments. Ces solutions doivent privilégier des approches d’adaptation basées sur la nature, ne pas compromettre d’autres critères, être compatibles avec des stratégies locales et sectorielles, et être suivies et mesurées à l’aide d’indicateurs spécifiques.
Cependant, l’adaptation ne se limite pas à des politiques nationales et des considérations économiques. C’est aussi une question d’éthique et de responsabilité envers les générations futures. Il est impératif d’adopter une approche proactive, en révisant nos normes et réglementations pour intégrer pleinement la dimension environnementale dans tous les secteurs de la société.
Alors que nous continuons à lutter contre le changement climatique, l’adaptation de nos infrastructures devrait être une priorité absolue. En investissant dans des solutions innovantes, en sensibilisant les décideurs, en utilisant les outils à notre disposition, en mobilisant les ressources nécessaires et en engageant l’ensemble de la société dans une démarche collective, nous pouvons forger un avenir plus sûr et plus résilient pour tous. L’heure n’est plus à l’hésitation, mais à l’action déterminée. Car dans la lutte contre le changement climatique, notre capacité à nous adapter peut faire toute la différence.
Le regard d'Etyo
Au-delà des exigences réglementaires, la transparence et la gestion proactive des risques climatiques sont devenues des attentes croissantes des investisseurs et des parties prenantes. Nous sommes convaincus que la valorisation du patrimoine immobilier passe par l’amélioration de la résilience des bâtiments face aux changements climatiques.
Notre offre d'accompagnement
Nous offrons à nos clients des évaluations complètes des risques climatiques, incluant une analyse approfondie de la vulnérabilité des bâtiments et des solutions d’adaptation. Notre approche, adaptable à l’échelle d’un actif ou d’un portefeuille, intègre des plans d’action chiffrés pour différents horizons temporels. Nous estimons également le coût de l’inaction climatique, pouvant dépasser 10% du PIB français, selon l’ADEME. Nous utilisons des outils tels que Bat’Adapt de l’OID (Observatoire de l’Immobilier Durable). pour évaluer la résilience des bâtiments et la plateforme MSCI (Morgan Stanley Capital International) pour évaluer le coût de l’inaction / l’impact financier, offrant ainsi aux investisseurs une perspective globale pour des décisions alignées sur la durabilité.
Expertise multimétiers pour une gestion globale
Notre expertise diversifiée, combinant l’immobilier, la maîtrise des risques environnementaux, la finance responsable et la logistique, nous permet d’accompagner nos clients de manière holistique. Nous les aidons à répondre aux exigences réglementaires, à s’aligner sur la taxinomie européenne et à maximiser la valorisation de leur patrimoine existant. Chez Etyo, nous sommes déterminés à être le partenaire de confiance de nos clients dans la gestion des risques climatiques, contribuant ainsi à un avenir immobilier plus durable.
Si vous avez des questions, contactez directement nos experts !
Clémence LE VAN
Head of Etyo Green Insight
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