Vers une logistique de proximité et bas carbone

L’un des axes majeurs évoqués repose sur le développement de circuits courts à l’échelle européenne, avec une densification des flux pour optimiser les trajets et limiter les distances parcourues. Cette stratégie vise à favoriser une logistique de proximité, moins énergivore et mieux intégrée aux territoires. Dans cette perspective, densifier le transport devient essentiel. La demande de transport (mesurée en tonnes-kilomètres) ne cesse d’augmenter, rendant indispensable l’optimisation des moyens utilisés, en particulier la réduction, voire l’élimination progressive, du recours aux camions.

Rééquilibrer les modes de transport

Aujourd’hui, le transport routier domine largement en France : il représente 80 % du transport de marchandises, contre seulement 17 % pour le ferroviaire et 3 % pour le fluvial. Or, le ferroviaire, bien que plus complexe à mettre en place — nécessitant parfois jusqu’à un an de planification contre quelques semaines pour la route — offre une capacité de chargement bien supérieure. Certaines industries l’ont déjà adopté comme mode d’approvisionnement principal. Le transport fluvial, quant à lui, reste une problématique majeure en raison de son instabilité. Stabiliser ce mode constitue un levier essentiel pour diversifier les solutions logistiques.

Enjeux technologiques et fonciers

Les grandes tendances macroéconomiques, notamment liées au développement du e-commerce et aux nouveaux modes de consommation, ont également un fort impact sur la logistique du froid. Celle-ci appelle des innovations technologiques dans les systèmes de refroidissement afin de répondre aux exigences environnementales. Autre piste évoquée : la valorisation du foncier existant. Il s’agit de favoriser la réutilisation des friches industrielles et de prolonger la durée de vie des bâtiments, notamment les entrepôts liés aux différents modes de fret (routier, ferroviaire, fluvial). Cette logique s’inscrit dans une démarche de sobriété foncière et de durabilité.

Une logistique plus fine et plus régulée

La logistique urbaine et la livraison du dernier kilomètre figurent également au cœur des réflexions. Le développement d’une logistique plus capillaire, mieux adaptée aux besoins des particuliers, doit aller de pair avec une régulation du e-commerce. Ce dernier, très gourmand en foncier et fortement émetteur de CO₂, contribue également à fragiliser le commerce de proximité. Enfin, des leviers concrets sont proposés pour accélérer la transition :

• Optimiser le remplissage des camions,
• Accélérer l’électrification des flottes,
• Offrir des avantages commerciaux aux solutions les plus vertueuses,
• Rendre les pratiques écologiques économiquement viables pour favoriser leur adoption à grande échelle.

L’intelligence artificielle (IA) s’impose comme un levier stratégique majeur dans la transformation digitale de la supply chain. À l’échelle européenne, elle promet plus de résilience, d’agilité et de performance face à un environnement économique et géopolitique instable. L’un des apports clés de l’IA réside dans sa capacité à analyser rapidement des volumes massifs de données : caractéristiques produits, volumétrie, fragilité… Cette lecture fine permet d’anticiper les besoins, de réduire les erreurs et d’améliorer significativement la qualité de service. Intégrée à chaque étape, l’IA augmente le taux de contrôle tout en optimisant les opérations. Trois types d’intelligence artificielle sont aujourd’hui mobilisés dans la supply chain :

• L’IA assistante, comme ChatGPT, pour accélérer les processus internes,
• L’IA experte, qui repense les modèles économiques (ex. : fiabilité des stocks),
• L’IA prédictive, indispensable pour naviguer dans des environnements incertains.

  Mais l’IA ne peut être efficace qu’avec une donnée fiable, homogène et bien exploitée. Elle doit également s’inscrire dans une approche responsable : conformité avec la CSRD, cybersécurité, et surtout, place centrale de l’humain dans la prise de décision. Les acteurs comme CEVA Logistics ou LAP Digital rappellent l’importance de former les équipes et de démocratiser l’accès à ces technologies. À terme, l’IA pourrait même contribuer à optimiser l’usage du foncier et soutenir l’emploi dans la filière logistique.

Face à la baisse d’attractivité des métiers de la manutention et à la nécessité d’optimiser les flux, la robotique s’impose comme un levier essentiel pour transformer l’intralogistique. Trois solutions innovantes, développées par SSI, ont été présentées lors d’une conférence dédiée.

1. SSI Piece Picking

Ce système flexible repose sur l’IA et intègre plusieurs embouts de préhension, des scanners et un dispositif Plug & Play. Il atteint une précision de 99,8 %. 💰 Coût : 500 000 $ 🔁 ROI estimé : entre 0,9 an (3x8, 7/7) et 2,5 ans (2x8, 5/7)  

2. SSI Case Picking

Conçu pour la palettisation et la dépalettisation à la couche ou au colis, même en température négative, il prend en charge une grande variété de produits et de palettes. 💰 Coût : 800 000 $ 🔁 ROI estimé : de 1,5 an à 4 ans selon les configurations  

3. SSI Flat Pack Picking

Pensé pour les charges lourdes et volumineuses, il s’adapte à plusieurs types de palettes, avec un approvisionnement automatique ou manuel. Entièrement scalable. 💰 Coût : 950 000 $ 🔁 ROI estimé : de 1,2 an à 3 ans   Au-delà du gain de productivité, la robotisation offre aussi un bénéfice social : elle permet de redéployer les opérateurs sur des postes à plus forte valeur ajoutée, répondant ainsi aux enjeux RH du secteur.