L’hydrogène émerge comme un vecteur énergétique prometteur dans la logistique, offrant des possibilités de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour un secteur très consommateur d’énergie. Il pourrait contribuer à la transition énergétique vers une mobilité plus verte et durable à condition que sa production soit décarbonée.
Aujourd’hui, plus de 95% de la production d’hydrogène à travers le monde est réalisée à partir d’énergies fossiles. Un des moyens pour décarboner l’hydrogène est de le produire par électrolyse de l’eau (procédé qui décompose l’eau en dioxygène et dihydrogène gazeux grâce à un courant électrique). S’il est créé à partir d’une source d’électricité décarbonée comme l’éolien ou le nucléaire, l’hydrogène est considéré comme renouvelable ou bas carbone. Par ailleurs, l’électrolyse peut être utilisée pour lisser la consommation d’électricité et “stocker” un éventuel surplus de production, par exemple lors les pics d’ensoleillement. La capacité d’électrolyse actuellement installée en France en 2022 est de 13 MW ; elle atteindra 6 500 MW en 2030, dont plus de la moitié sera décarbonée !
Avantages de l’hydrogène en logistique
L’hydrogène est majoritairement utilisé aujourd’hui pour des applications industrielles. Cependant, avec la décarbonation de sa production, d’autres cas d’usages sont envisagés pour son utilisation comme dans le transport et la logistique. Ainsi, malgré un coût pour l’instant très élevé, le déploiement de camions fonctionnant à l’hydrogène au moyen d’une pile à combustible (qui convertit l’hydrogène en électricité utilisée par les moteurs électriques) est un axe de plus en plus regardé dans la mobilité lourde ou intensive.
En effet, les véhicules à l’hydrogène possèdent plusieurs avantages comparés aux véhicules à batteries classiques :
Ils présentent un temps de recharge très court.
En effet, il est possible par exemple de recharger un engin de manutention à H2 en 3 minutes pour 8 heures d’autonomie. Ils sont donc parfaitement adaptés à une activité intensive et continue comme le transport routier ou l’utilisation de chariots élévateurs. Le faible temps de recharge permet alors de réduire le nombre de chariots nécessaire sur une exploitation.
Les stations de recharge sont plus petites.
Ainsi, l’utilisation de ces engins de manutention à H2 permet de libérer de l’espace au sol. De plus, les stations de recharge ne doivent pas nécessairement être regroupées ; elles peuvent être disposées à des endroits stratégiques d’un entrepôt afin d’optimiser les recharges.
Les piles à combustible ne rejettent que de l’eau et sont plus écologiques.
Elles possèdent beaucoup moins de matériaux critiques comme les terres rares.
Il est même possible de disposer de sa propre unité de production à hydrogène décarboné.
Par exemple un entrepôt, en utilisant l’énergie des couvertures photovoltaïques désormais obligatoires en vertu de la Loi Climat et Résilience.
Cependant, les projets doivent s’intégrer dans un territoire et une approche de mutualisation des usages (logistique, transports…) permettant de réduire les couts associés entre plusieurs acteurs.
Le sujet de la production durable d’Hydrogène est un enjeu majeur. Clément POUTRIQUET, directeur développement Hydrogène Bureau Veritas précise : « Concernant l’Hydrogène, nous proposons à nos clients un schéma de certification. Concrètement, nous évaluons la production d’hydrogène renouvelable au regard de critères de durabilité, de sécurité et d’impact sur le climat. Un vrai plus pour nos clients qui doivent eux-mêmes rassurer leurs parties prenantes…»
Obstacles et avenir du déploiement de l’hydrogène
Le dihydrogène est une molécule très petite et qui a pour caractéristique d’être très explosive, ce qui peut représenter un potentiel danger « L’hydrogène est utilisé depuis des décennies dans l’industrie des procédés : ses risques sont connus et il existe des moyens de les maitriser » temporise Clément Poutriquet, Directeur du développement hydrogène chez Bureau Veritas. De plus, l’hydrogène est stocké sous haute pression (jusqu’à 700 bars), rendant nécessaire une étude préalable du site pour quantifier et qualifier les zones à risques, les zones de recharges, les distances de sécurité…
Les opérateurs doivent recevoir une formation afin d’utiliser des équipements fonctionnant à l’hydrogène. D’autre part, la détection de fuites d’hydrogène étant assez difficile (c’est un gaz inodore et incolore, dont les feux sont invisibles), certaines sociétés comme OLIKROM développent des peintures qui changent de couleur au contact du gaz.
Actuellement, il n’y a que 60 stations de recharge à hydrogène en France. L’Etat français et l’Union européenne croient en l’avenir de la filière hydrogène et investissent en ce sens (près de 10 milliards d’euros investis en France). Au niveau national, l’objectif est d’avoir 1 000 stations de recharge à la fin de la décennie, tout en ayant un maillage important du territoire : maximum 150 km entre deux stations de recharge.
Source : Vig’hy
Dans le domaine de l’intralogistique, FENWICK et JUNGHEINRICH – pour ne citer qu’eux – proposent désormais sur catalogue des engins de manutentions qui fonctionnent à l’hydrogène. Ces derniers sont par exemple utilisés sur la plateforme logistique de LIDL à Carquefou (44), les 75 kg journaliers de gaz nécessaires étant alimentés par un site de production d’hydrogène vert situé à quelques kilomètres.
Ainsi, l’utilisation de l’hydrogène dans le domaine de la logistique représente une opportunité clé pour réduire les émissions de carbone. Grâce à ses avantages et son faible impact environnemental, l’hydrogène ouvre la voie à un avenir logistique plus propre et plus durable.
Cet article a été écrit avec la contribution de Clément Poutriquet, Directeur du développement Hydrogène chez Bureau Veritas (clement.poutriquet@bureauveritas.com).
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