Des étages oui, mais pourquoi ?
Devant la raréfaction et le coût des surfaces logistiques, tout particulièrement en centre-ville et aux abords des grandes agglomérations – mais aussi poussés par les nouvelles réglementations sur l’artificialisation des sols ou les ZFE, les projets d’entrepôts à étages se multiplient depuis quelques années.
Des petits hubs urbains permettant de stocker au plus proche des consommateurs (« dark stores », entrepôts logistiques urbains dans d’anciens parkings comme L’immeuble inversé…) aux projets d’ampleur en périphérie immédiate (Plateforme La Poste à Lezennes, Paris Air², Green Dock…), l’usage doit être plus que jamais au cœur de la réflexion pour ces actifs logistiques.
Quelles limites et quelles contraintes ?
En effet, si les niveaux permettent de multiplier la surface opérationnelle tout en limitant l’emprise au sol, ils constituent une contrainte pour l’exploitation logistique pour passer d’un niveau à l’autre.
Aujourd’hui, la grande majorité des sites avec plusieurs niveaux (étages ou mezzanines) sont soumis à une séparation stricte des activités. C’est d’ailleurs la décision prise pour les grands projets cités ci-dessus : rampes et cours camions à chaque niveau permettent de superposer plusieurs entrepôts, plutôt que de les orienter vers un usage unique avec des transferts entre étages. On observe la même stratégie pour une grande partie des bâtiments actuels de tailles plus réduites : faire cohabiter plusieurs locataires ou activités entre les étages n’ayant pas besoin d’accès camion.
Concrètement, les promoteurs ont pour mission de construire des bâtiments qui seront occupés par des locataires. Au moment de la création d’un bâtiment, et avant même de connaître son objectif final, ils produisent des espaces qui communiquent entre eux par étages.
Si le locataire ou l’activité d’un étage à un autre est différent, le problème de communication entre les niveaux ne se pose pas.
En revanche, si un même locataire occupe plusieurs étages pour une unique activité, les contraintes sont multiples :
1. Transferts
Les transferts doivent se faire à l’intérieur du bâtiment, rarement en palette complète, et avec des flux parfois très importants.
2. Trémies
Les solutions existantes sont conçues dans un objectif d’optimisation du temps grâce à une automatisation des flux (plus ou moins avancée). Si l’espace qui permet de communiquer d’un étage à un autre n’est pas adapté, alors ces solutions ne sont pas applicables.
3. Automatisation
L’automatisation implique généralement un débit d’activité élevé : les monte-charges et ascenseurs colis ou palettes permettent de limiter la surface immobilisée et la taille des trémies dans les dalles. Cependant, ils souffrent d’une vitesse souvent trop lente pour être incorporés dans des solutions automatisées complètes.
4. Convoyage
Dans la plupart des cas, les systèmes de convoyage de colis sont des solutions qui :
- Permettent aussi de changer de niveau avec plus de performance,
- Avec des pentes, nécessitent bien plus d’espace pour les trémies (et doivent rester accessibles pour la maintenance)
- Sont intégrés dans une installation automatisée complète qu’il faut penser dans son intégralité et adapter à des opérations précises.
5. Coût
Enfin, le coût d’adaptation des installations peut faire grossir considérablement l’enveloppe d’investissement.
Résultat, un projet complexe et coûteux qui peut décourager les investisseurs !
Alors quelles solutions ?
On peut, par souci de simplicité, dire que la solution serait de s’assurer qu’un client différent habite chaque étage du bâtiment, mais pouvons-nous alors vraiment parler d’optimisation ?
La version, plus réfléchie, serait d’avoir une réflexion immobilière concomitante avec les études des solutions process, pour garantir leur compatibilité et anticiper les principales interfaces.
Pour réussir à limiter les coûts et à produire un bâtiment adapté la solution est donc de s’intéresser à la logistique à la genèse du projet.
Dans ces configurations, le plus important est de réussir à irriguer chaque niveau avec les modes et volumes de transports adéquats (chariots, triporteurs, véhicules utilitaires légers, camions légers, Poids-lourds), tout en prenant en compte l’importance des emplacements et les dimensionnements des points de communication entre les étages.
Que retenir ?
Si ces entrepôts à étages sont de plus en plus populaires, ils devront s’adapter aux activités qu’ils abriteront (souvent non identifiées au lancement des projets) pour devenir une solution répandue. Pour cela, il faudra intégrer plus en amont, dès les phases de conception immobilière, les usages et solutions logistiques de l’exploitation visée.
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